Je serai comédien ! Chronique littéraire

Nous nous éloignons un peu de la comédie musicale pure et dure, cher lecteur. Mais tu le sais, le théâtre joue un rôle extrêmement important dans cet art si cher à mon coeur. Aussi je te propose de plonger tête la première dans Je serai comédien ! et la chronique littéraire que j’en ai fait. Il est important d’être un bon acteur pour jouer dans une comédie musicale, voyons si ce livre peut nous aider !

Rosine Margat, directrice du Cours Simon a pris le soin d’écrire et donc de laisser à la postérité ses nombreux conseils pour devenir comédien, éclairé par des années d’enseignement.

Mais avant de plonger au coeur de son enseignement je te propose, cher lecteur, de découvrir un peu plus en détails ce qu’est le Cours Simon.

Fondé en 1925 par René Simon, la structure en est actuellement à sa troisième direction. Et même si l’école a bientôt 100 ans, elle n’a plus à faire ses preuves. En effet elle a vu passer de nombreux élèves dont la renommée est bien affirmée aujourd’hui. Parmi eux nous pouvons citer Louis De Funes, Florence Foresti, Dany Boon ou Jean Reno. Le Cours Simon est donc bien un lieu pour les aspirants comédiens et à mon sens toute une institution. Et c’est toute sa pédagogie qui est résumée dans Je serai comédien !

Ce que j’ai aimé dans Je serai comédien !

Rosine Margat sait nous dévoiler les rouages qui une fois actionnés produisent un jeu juste.

Qu’est ce qu’un jeu juste?

C’est un jeu sans contresens, qui respecte la réalité du personnage interprété. Par exemple un comédien interprétant un esclave devra éviter de se tenir droit et de regarder les autres personnages droit dans les yeux à cause du poids de la servitude. Au contraire un Jules César devra dominer par sa présence et cela se traduira naturellement par un regard vif et une tête haute.

Mais alors comment doit on faire pour avoir un jeu juste ?

Imaginons que le cousin du cousin de ta grande tante veuille devenir acteur. Il s’appelle Norbert et monter sur les planches le fait rêver. Dans ces cas là l’autrice est claire sur le sujet : ça commence avec l’acteur. Quand bien même Norbert serait paré des costumes les plus réalistes et évoluerait dans les décors les plus somptueux, il ne serait que Norbert déguisé si il ne fait pas le travail d’incarner le personnage.

Et nous touchons un point important : pour incarner un personnage, autrement dit, jouer juste, il faut d’abord en un sens être le spectateur du personnage.

Norbert a de la chance : pour son premier rôle il va jouer Roméo. Avant de l’incarner il va s’émouvoir de sa mélancolie, sympathiser à sa colère quand son meilleur ami a été tué et s’attrister de la mort de Juliette. C’est à sa propre sensibilité que Norbert va faire appel, simplement parce qu’elle est le lien entre ce personnage fictif et lui même. D’ailleurs on dit que le texte au théâtre est à apprendre par coeur. En fait il faut aussi le prendre à coeur.

Norbert a sympathisé avec Roméo il est prêt à s’approprier le personnage.

Mais qu’est ce qui fait qu’il le fera avec succès ?

Norbert est bourré de qualités. Mais sa plus grande c’est son humilité. Car Norbert sait qu’il va falloir essuyer beaucoup de critiques avant d’arriver au sommet de son art. Rosine Margat le dit bien :

Dans un cours, on vous fustige ; on ne vous parle que de vos défauts, jamais de vos qualités. Ça tout le monde ne sait pas l’admettre ; c’est pourtant le plus court chemin vers l’excellence.

Je sera comédien ! – Rosine Margat

Et plus encore Norbert sait se remettre en question. Parfois l’acteur débutant ne voudra pas d’un rôle ou il sera mal à l’aise en l’incarnant. Souvent c’est parce que le personnage qui lui est confié présente certains traits en commun avec lui que l’acteur n’assume pas ou ne veut pas voir. Et soyons honnêtes, nous avons tous des parts de nous mêmes dont nous sommes peu fiers (même Norbert !). Un bon acteur c’est donc une personne qui accepte de se voir telle qu’elle est. D’ailleurs Margat va encore dans cette recherche d’honnêteté en disant :

On va au théâtre pour se confronter à soi même et aux réalités qui dérangent. C’est pour ça que théâtre et dictature ne font pas bon ménage.

Je sera comédien ! – Rosine Margat

Il peut y avoir certains performers qui ne jouent qu’un seul type de personnages, c’est leur emploi, leur zone de facilité. Mais à chaque fois qu’ils joueront « hors emploi » il pourront enrichir leur jeu en général. Il est donc bon, même pour les comiques de jouer aussi des drames.

Et si Norbert veut faire du cinéma ?

Bonne nouvelle pour lui ! Au Cours Simon on pense que pour être un bon acteur en vidéo il faut d’abord l’être sur les planches. Aussi sa formation pourra parfaitement lui servir quand il sera devant la caméra de Spielberg. Mais attention tout de même à ne pas confondre les deux ! Le théâtre c’est l’action par le verbe et le cinéma c’est l’action par l’image.

Mon Avis sur Je serai comédien !

Ce livre est une mine d’informations pour les acteurs débutants et en formation. Rosine Margat nous dote de lunettes spéciales nous permettant de discerner l’envers du décor. C’est comme si en voyant mon dessert préféré je pouvais aussi commencer à voir les ingrédients qu’il a fallut pour le constituer. Le mystère est levé sur les performances qui m’ont marquée mais c’est tout à l’honneur des acteurs qui ont fourni une quantité de travail impressionnante pour en arriver là.

Mais je retrouve dans ce livre cet élitisme assez caractéristique des grandes structures théâtrales en France. Il semble que le théâtre doit absolument prévaloir sur tout autre croyance, goût ou valeur personnelle. Et tout ce qui nous empêche d’être meilleur doit être écarté sans autre forme de procès.

Je ne souscris pas vraiment à cet état d’esprit. S’il est vrai qu’être comédien est demandant, je crois qu’il est important que cela reste un métier ou un hobby. Car à trop se concentrer sur des personnages aussi complexes que fictifs on en oublierai presque la vraie vie et ses défis. Et la faire passer au second plan me semble dommageable (même si scène et réalité peuvent parfois s’enrichir l’une de l’autre).

Enfin, j’ai la faiblesse de considérer tous les grands du théâtre (auteurs, acteurs…) comme de simples être humains ayant fait fructifier leur talent. Leurs oeuvres méritent notre admiration, souvent pas leur personne. Traite moi d’amatrice, je l’assume ! Mais le jour ou le théâtre se sera dévêtu de son sérieux exagéré de son mépris presque assumé et qu’il aura mis les couleurs du bonheur de jouer et d’être spectateur alors tout le monde pourra voir que le théâtre c’est…

Le meilleur chemin vers la compréhension d’autrui, le partage et la tolérance.

Je serai comédien – Rosine Margat

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